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Une guitare qui hurle mon enfance sur un vieux tourne disque. Avec grésillements gratuits, et son
variable, même quand tu tournes pas le bouton. Des fois t'entends, des fois
nan, c'est l'aventure. « Là bas, là bas, derrière la colline, là bas, là bas,
où le soleil décline » Y'a les Poppys, cachés en chemise bleue, c'est ça ? Un jour, un gars m'a dit : « Moi, j'aime pas les choses en elles mêmes, j'aime l'éphémère. » J'ai fait, ouais c'est ça ouais. Tu
sais, moi aussi je peux dire des trucs que je sais pas ce que ça veut dire, et
que tu peux pas comprendre. C'est pas pour ça que je me la pète, hein. En fait
j'avais pas capté. Maintenant si. L'éphémère, c'est une chorale de petits mecs, sur fond de tableau noir, dans les années soixante
dix, et l'éphémère, c'est leurs voix encore aigues, mais plus pour très
longtemps. C'est la rencontre d'un frisé et d'une blondinette qui font jour un mec debout. Du piano, parait,
c'était pour être libre. « Lui et son piano, qui pleurait quelques fois, mais
c'est quand les autres n'étaient pas là ». L'éphémère, ça peut être un artiste foutrement doué, des chansons-univers. Pas besoin de clip, suffit
d'avoir des oreilles, ça s'imprime tout seul sur ta rétine, je t'assure. Des
autos tamponneuses, une foire dans les tons jaunes, et un mec avec des
exigences. " J'voulais une glace à la viande, oui
mais y'en avait pas/ Ou alors, viande hachée, mais ça coule
le long du cornet ". J'ai constaté, l'éphèmère, ça peut être un regard aussi. Un regard gominé qui dit c'est moi le chef ici,
baby, do you wanna come with me ? Why not ?